« L’archive, c’est nous qui savons le faire » tel est le fil conducteur du nouveau livre de Sam Bourcier Le pouls de l’archive, c’est en nous qu’il bat qui sera publié prochainement aux éditions Cambourakis.
A l’heure du capitalisme numérique qui exploite notre créativité, nos gouts, nos subjectivités pour en tirer de la valeur et de nouveaux marchés, Sam Bourcier développe une conception de l’archive originale qui renouvelle les enjeux d’histoire et de mémoire des minorités. Si l’archive est la trace qui permet de nous exploiter, comme les archives de police ou les archives coloniales, mais aussi comme les big data alimentant les algorithmes, Sam Bourcier attire notre attention sur le fait qu’il s’agit là du dévoiement de la pratique de l’archive communautaire, communale ou collective. Cette pratique de l’archive qui se construit comme une pratique vivante, nous relie à l’autre, aux ancêtres qui nous rendent plus fort∙e∙s, à des lieux ou des possibilités qui nous rendent plus libres, à des évènements passés dont la puissance s’actualise par et en nous. L’archive communautaire est ce qui va permettre à une sensibilité de devenir une force de résistance collective. On en trouve une manifestation concrète à travers le collectif Archives LGBTQI+. Son travail d’histoire orale, ses ateliers de découverte et de traitement des archives, son bras de fer avec la mairie de Paris et les Archives nationales pour ne pas se laisser déposséder de notre histoire, contribuent à un dynamisme militant dont la multiplication des collectifs d’archives, locaux ou régionaux, témoignent.
Le livre est construit à l’image de son propos, il traverse les champs de savoirs sans s’y enfermer, travaille un usage de l’humour, laisse au lecteur la possibilité de faire commun.
Un texte que l’on avait envie de lire depuis longtemps.
Nous vous en proposons ici quelques fragments avec l’aimable autorisation de Sam.
Initiateur de la théorie queer en France, Sam Bourcier traverse les espaces de savoirs/pouvoirs sans jamais s’y enfermer. Tour à tour, activiste, chercheur universitaire, théoricien, critique, son travail révèle et analyse la dimension politique des productions minoritaires. On le rencontre animant le premier collectif et séminaire queer français, le ZOO, dès 1996. Son triptyque Queer Zone, est une exploration politique du genre et des sexualités, des expérimentations post-porn ou drag, de la philosophie à travers les subjectivités et subcultures de la dissidence sexuelle. Il est depuis sa création, un animateur du collectif Archives LGBTQI+ qui développe une culture de l’archive vivante, collaborative et inclusive.
LE POULS DE L’ARCHIVE, C’EST EN NOUS QU’IL BAT
EXTRAITS
A quoi servent les archives ? La réponse est dans ce qu’elles produisent : des savoirs, des politiques, de l’activisme, des cultures, des subjectivités, des identités et des expériences. Et des plaisirs. Elles donnent aussi accès aux histoires, aux idées et aux sujet·te·x·s effacé·e·x·s. C’est l’une des missions des archives minoritaires. Mais ce n’est pas la seule et elle peut être compatible avec une vision passéiste et libérale de l’histoire, avec l’histoire intégrative, l’histoire-progrès ou l’histoire-restauration ou nous enferrer dans l’épuisante contre-histoire. Et il n’y a pas que l’histoire. Les pratiques de l’archive vive génèrent une extension du domaine de l’archive et de la mémoire qui se traduit par toute une série de débordements que ce bouquin s’emploie à décrire parce qu’ils sont positifs, libérateurs et nous permettent, une fois conscientisés, de faire archive autrement et d’accéder à une créativité pour faire archive dont nous nous privons depuis trop longtemps.
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Les minoritaires et les subalternes sont oublié·e·x·s, non représenté·e·x·s, censuré·e·x·s, enfoui·e·x·s dans les archives, exclu·e·x·s du tag, des inventaires et de la communication. On verra qu’ils sont aussi sur-représenté·e·x·s, profilé·e·x·s dans les archives coloniales, sexuelles, policières, juridiques, militaires et médicales. Censuré·e·x·s deux fois. Négativement et positivement. Archiver, c’est-à-dire rassembler, collecter, classer, indexer, conserver et surtout communiquer, c’est pourtant une pratique à la portée de tous, de tous les corps et sur tous les supports de notre vivant. Alors comment en est-on arrivé là ? Comment, pourquoi nous laissons nous déposséder de notre force archivale ?
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Ils étaient neuf archontes à Athènes. Le 1er donnait son nom à l’année en cours. Le second avait la main sur les affaires religieuses. Le 3ème dirigeait les affaires militaires et les armées. Le 4ème s’occupait des lois et de la sûreté de l’état. Les autre·x·s travaillaient collégialement. Dans son très fameux Mal d’Archive, Dididada décrit le pouvoir des archonte·x·s comme étant une volonté de rassemblement, d’assignation à résidence, de mise en de-meure que vient renforcer un pouvoir de consignation. Ce n’est pas le dernier épisode du feuilleton des archives LGBTQI à Paris au XXIème siècle qui lui donnera tort. La dynastie des archonte·x·s & consort·x·s n’est pas près de s’éteindre en France on dirait, même si beaucoup d’archiviste·x·s et de professionnel·le·x·s du patrimoine s’en démarquent. J’y vois aussi un pouvoir qui s’exerce par le biais de toute une série de dissociations, de dislocations, de séparations qui viennent brider la nature relationnelle et synchrone, vivante et corporelle de l’archive. Ce que l’auteur de Mal d’archive appelle « rassemblement », c’est-à-dire le regroupement des archives dans un lieu institutionnel dédié correspond à une phase de concentration matérielle qui déclenche des suppressions d’archives, des dépossessions, des restrictions, des codifications d’accès, des sélections au profit des documents écrits et de l’état. Mais c’est surtout une séparation d’avec les corps qui les produisent, qui peuvent les utiliser ou les remettre en circulation de leur vivant, une séparation des supports, la séparation entre les producteur·trice·x·s d’archives et les archiviste·x·s en charge de l’inventaire, de l’indexation et des descriptions.
Le principe archontique est un principe de séparation, de dissociation précisément parce que les archives recèlent un pouvoir de rassemblement des personnes et des corps dans une temporalité qui n’est pas celle du passé mais du présent et peut-être du futur. L’archive est une force collective et politique. C’est cette force de l’archive qui est capturée, réservée et c’est encore plus vrai quand les archives de la république française exceptionnaliste clament leur vocation égalitaire, démocratique et universaliste. On ne le répétera jamais assez. Depuis 1789, les archives nationales ont surtout ouvert leurs portes à une élite herméneutique, souvent idéologique, avec des historien·ne·x·s ayant pour tâche de renforcer le récit national, avec des archiviste·x·s-historien·ne·x·s qui développent la « science archivistique » comme science auxiliaire de l’histoire.
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L’archive vivante, elle, revendique la production des savoirs là où nous en avons besoin, véritablement pour tous·te·x·s et depuis des lieux physiques intégrés où la re-synchronisation vient remplacer la violence de la désynchronisation infligée par les institutions et contrer ses effets sur nos formes de vie et de savoir. Elle s’élève contre la dépossession épistémique non ressentie, non nommée comme telle, en tout cas pas assez combattue qui est celle de la fausse synchronisation archivale bio-numérique. L’enjeu est de taille car c’est un nouveau régime de savoir qui est en train d’être généralisé, encrypté, en tout cas vendu : celui de la certitude, un fantasme technologique que rend performativement possible la puissance de calcul et de mimétisme de l’IA à partir de la vraie source des archives, c’est-à-dire nous, premiers émetteur·trice·x·s et producteur·trice·x·s d’archives silencé·e·x·s et exploité·e·x·s.
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Si les archives sont une technologie de gouvernementalité qui façonne le présent et la vie des archivé·e·x·s, alors crachons sur leur poussière légendaire et voyons plutôt les archives comme des flux qui nous traversent et nous affectent au jour le jour. Le rôle des institutions officielles qui recueillent les archives est de couper ces flux d’archives, brûlants comme des rubans de sucre à berlingots, de les segmentariser, de les sérier, de les séquestrer voire de les ségréguer, de les ré-enfouir ou de les détruire et d’y effectuer des prélèvements pour les utiliser. Il est aussi de tuer le désir qu’elles peuvent susciter. Rompons avec la conception très historienne de l’archive-source, un bien petit filet d’eau en réalité, pour admettre que les archives, ce sont des espaces, des lieux de condensation épistémique et politique. Un véritable « arsenal » pour reprendre le mot de Stoler qui nous raconte comment l’ordre sexuel et l’ordre colonial de l’administration coloniale hollandaise du XIXème siècle entretenaient une dépendance absolue avec ses formations archivistiques. Cet usage de l’archive vaut pour bien d’autres sociétés coloniales et « post-coloniales », y compris pour la France.
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Le marquage LGBT mais pas Q, P, R etc de l’espace public parisien et certainement pas algérien·ne·x ou palestinien·ne·x est une bonne occasion d’interroger les politiques de la mémoire officielle et de poser la question de la mémoire publique, voire la question des politiques mémorielles tout court de la ville de Paris. Là-dessus, on dirait bien que la réflexion est au point mort alors que c’est « la gauche qui a impulsé la mode du patrimoine à tous les étages dans les années 80 sous la houlette de Jack Lang. Prenons l’exemple des plaques de rues, l’une des rares actions mémorielles revendiquée et pratiquée par la municipalité. Les conseils municipaux s’emparent des plaques au XIXème siècle sachant que les noms de rues des riverains sont devenus le terrain de jeu des politiques à partir du XVIIème siècle. Avant, c’est plus communal. Les biens nommés riverain·ne·x·s, les usager·ère·x·s du quartier baptisent leurs rues avec des dénominations qui leur parlent. Elles renvoient aux différents métiers mais aussi au corps et à la sexualité. C’est la rue du Pute-Y-Musse, de l’enfant-qui-pisse de Poil-au-con, du Tire-vit ou encore de Brise-Miche. Autant de noms qui ne figurent pas sur des panneaux vus que peu de gens savent lire à l’époque. Depuis quelques années, suite aux recommandations du fameux plan Paris Ville de l’inclusion et de la diversité où ce type de marquage de l’espace urbain figure en bonne place, la ville de Paris a plus d’une plaque dans son sac.
Sur les 6000 voies que compte la capitale, c’est plus d’une quarantaine de plaques LGBT qui a été attribuée à des rues ou des lieux modestes, des croisements élevés au rang de places, des langues de bitume prélevées sur des places ou des voies existantes plutôt que des boulevards, des avenues
ou des quais. L’approximation est de mise quand ce n’est pas l’erreur historique. Il a fallu refaire faire les plaques pour Act Up-Paris en catastrophe : le nom était mal orthographié. La plaque à la mémoire de Bruno Lenoir et Jean Diot rue Montorgueil dit qu’ils furent « condamnés » à être « brûlés en place de grève le 6 juillet 1750 » pour « homosexualité » et que « ce fut la dernière exécution pour homosexualité en France ». C’est une aberration, vu que la catégorisation « homosexuel·le·x » est bien postérieure et date du XIXème siècle et qu’elle correspond à un type psychologique, ce qui ne fut jamais le cas des sodomites du XVIIIème siècle condamné·e·x·s pour leurs pratiques sexuelles et non leur en raison de leur identité sexuelle.
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Avec cette politique offensive, ce sont des blocs entiers de la culture LGBT qui vont être séparés de la communauté, de sa dimension politique et sociale par les entrepreneur·euse·x·s de la culture et de la mémoire. Cette institutionnalisation et cette commercialisation de la culture et de la mémoire LGBTQI orchestrée par les gays homonormatif·ves·x· de la mairie de Paris cumulent violence archivale, violence épistémique et exploitation mémorielle sans dépenser un rond et en se défaussant sur l’état. Pas mal. C’est exactement le schéma de dépossession et de dislocation que l’on a tenté d’imposer aux archives LGBTQI et à celleux qui voulaient faire un vrai Centre d’archives autonome et communautaire.
Pour comprendre et se réapproprier cette force et cette puissance, en jouir et la pratiquer, il faut que notre regard sur les archives se transforme. Qu’il devienne politique, que nous envisagions l’archive comme un continuum dans son intégralité. Il faut changer le regard que portent les archives institutionnelles sur nous, s’opposer à leur violence intrinsèque, les obliger à nous respecter et aussi faire sans elles. Il faut qu’elles changent elles aussi et nombre d’entre elles l’ont compris et le font.(…)Sans le travail des centres d’archives minoritaires et communautaires entraînés par les mouvements sociaux des années 60-70, la transformation de l’archive n’aurait pas été enclenchée aussi fort et le déplacement du centre de gravité de l’archive, de la nation vers la société et les communautés n’aurait pas eu lieu.
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Un entretien pour l’histoire orale n’est donc pas destiné à finir comme une archive dans un centre d’archives ou sur un site. On mesure la vitalité de l’archive à sa capacité à sortir des placards, des greniers, des boxes, à générer d’autres collectes, d’autres foyers d’archives et non simplement à être mise à disposition dans les institutions. L’entretien d’archive orale, les récits oraux ou écrits sont faits pour going public dans une performance collective qui se déroule en public, qui publicise les entretiens, les histoires de vie, en suscite d’autres et transmet le goût et la confiance pour le faire, qui permet une appropriation de la production des archives. Moyennant quoi, la re-privatisation ou la confiscation pour un usage élitiste, scientifique ou réservé –les usages traditionnels de l’archive- ne peut plus être le seul. Cette déprivatisation, cette mise en commun que brident les archives des archonte·x·s, cette déplacardisation dés-individualise la mémoire et la communalise.
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Les ateliers sont une manière collective, subjective et corporelle de produire du savoir et des pratiques. Et des prises de conscience dignes de celles des ateliers de raising consciousness féministes DIY des années 70 ou des ateliers drag king ou post-porn des années 90. Mettre les mains dans les archives, dans les papiers et sur les objets avec des professionnel·le·x·s de l’archive qui vous forment, les émotions et les événements que cela provoque collectivement vous éloigne assez vite des injonctions à donner vos archives aux gants blancs, à les abandonner aux seul·e·x·s historien·ne·x·s ou à se contenter de la conception passéiste, poussiéreuse et textuelle de l’archive. Les ateliers démontrent la force expérientielle, expérimentale et relationnelle de l’archive, de l’affect entre humain et non humain, de la puissance des objets dits inanimés à mettre en branle. Le renversement d’expertise qu’imposent les minorité·x·s sexuelles, de genre, racisé.e.s, les séropo·te·x·s d’Act Up dans la production des savoirs y compris universitaires se produit aussi pour les archives LGBTQI+. Les ateliers d’indexation communautaire où se complètent les homosaurus et les queersaurus sont tellement plus adéquats que les thesaurus où les mots-clés « féminisme » ou « lesbienne » figurent à peine. Faire un atelier archive, c’est avoir accès au caractère vivant et vital des archives, aller contre la dépolitisation des archives que provoque l’individualisation de la mémoire ou sa transformation en un « devoir de mémoire ». Être archivivant·e·x, c’est multiplier les actes narratifs et performatifs de son vivant pour tout le monde et avec tout le monde.
Manifeste de l’archive vivante
Nous ne sommes pas seulement des usager·ère·x·s mais des producteur·trice·x·s et des praticien·ne·x·s des archives. Des archivacteur·trice·x·s, des archivivant·e·x·s.
Nous sommes des foyers d’archives et non des fonds d’archives ou des gisements de data.
Le fonds n’est pas notre maison pas plus que les archives institutionnelles. Ces centres de rétention d’archive. Et quand elles travaillent avec nous, avec nos lieux d’archives, qu’elles soient partenaires et pas tortionnaires.
Heureusement, ce rappel est inutile dans pas mal de pays. En France ça commence à bouger.
Les archives font partie des communs.
Nous nous élevons contre la violence administrative, bureaucratique, sexuelle, coloniale, raciste, validiste et fondamentalement anticorporelle des archives du papatrimoine. Du mamatrimoine aussi.
Nous voulons sortir de la temporalité biopolitique, nécrologique et nécrophile des archives des archontes. Ceux qui de la Grèce antique à nos jours gouvernent par l’archive et exercent des formes de violence archivale qui vont de l’effacement à la dépossession en passant par la désynchronisation et la dématérialisation.
C’est une question de rythme. Nous devons le changer. C’est ça le pulse, le battement, le pouls.
Arrêtons la dissociation des archives d’avec le corps et les vivant·e·x·s, la désynchronisation entre producteur·trice·x·s et usager·ère·x·s, les dislocations et les archives lévianthesques.
Il ne s’agit pas de droit à l’archive, de devoir de mémoire ou d’inclusion dans LA mémoire et l’Histoire. Il s’agit de production, de circulation et de transmission des savoirs. De force et de puissance. De transformation de et par l’archive.
Il peut s’agir de correction, de dés-invisibilisation, de boucher les trous. Mais pas seulement et à condition que cela ne nous amène pas à reproduire des exclusions et une histoire bien droite, bien straight, bien écrite, linéaire, en continu, avec ses silos LGBTQI, etc. Cette histoire-là masque à son tour les sujets de l’archive qui n’entrent pas dans la soupe alphabétique moderne et eurocentrée.
Nous ne voulons pas attendre d’être mort·e·x·s pour devenir archive ou que des historien·ne·x·s croque-morts viennent nous souffler à l’oreille parce que vieux·ielle·x·s, dur·e·x·s de la feuille ou nous mordiller l’orteil parce que subclaquant·e·x·s, trépassé·e·x·s ou assassiné·e·x·s.
Nous voulons faire de l’archive et nous savons le faire. Nous construisons des espaces pour ça. Elles méritent une autre architecture.
Nous ne voulons pas être refoulé·e·x·s par le ou la responsable en chef des archives nationales ou départementales parce que nous n’avons pas la lettre du directeur·trice·x de recherches. Ou par le·la préfet·e qui ne donne pas, jamais ou trop tard la dérogation. Ou par le·la fonctionnaire zélé·e·x, gardien·ne·x des secrets d’état ou médicaux. Nous ne voulons pas nous exposer à ne rien trouver ou à ne pas savoir où chercher parce que l’inventaire ne mentionne pas les incommunicables ou que le guide des sources n’est pas fait ou est un faux-semblant.
Nous ne voulons pas rester devant la porte, ne pas oser entrer à cause de notre dégaine ou parce que nous sommes intimidé·e·x·s par les salles de consultation et les institutions de savoir qui ressemblent à des prisons. On nous a assez discipliné·e·x·s comme ça. A coup d’archives justement. Au XIXème siècle notamment.
Il s’agit de justice. Et de réparations.
Il s’agit de transmisssion et de circulation des savoirs et pas qu’universitaires. Ils ne représentent qu’une infime portion des savoirs et des pratiques (pratiques épistémiques comprises).
Il s’agit de transmission/contamination des cultures. Il s’agit de la mémoire qui est bien plus ample que l’histoire.
Le pouls de l’archive, c’est en nous qu’il bat.
Sam Bourcier.
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